Une jolie carte postale (Acte 1)

Publié le par Pascal

          Le silence de Zoao est mal interprété par ses parents et son clan. Pour eux, Zoao a rompu avec sa femme et épousé une femme de là-bas. Son père décide de lui écrire :

          « Mon cher fils, écrit-il, je m’inquiète de ce que tu n’as plus donné signe de vie depuis ton départ. Nous avons raison d’avoir manifesté nos appréhensions. Les Blancs se seraient-ils vengés contre vous de ce qui s’est passé au lendemain de l’indépendance ?

          Le bruit court que tu aurais épousé une femme de là-bas. Que faut-il alors faire de la première qui est fort triste ? Son moral est très affecté. Que deviendront ces enfants sans leur père ? Moi-même étant âgé, je ne saurai me substituer à toi. La charge est trop lourde. Soulage ta mère, elle pleure beaucoup. Pour elle, tu es l’enfant perdu. »

          Mme Zoao écrit aussi à celui qu’elle considère déjà comme son ex-mari :

          « Zoao (ce n’est plus ‘mon chéri Zoao’ comme autrefois).

          Je sais que tu m’as abandonnée, pour épouser une Blanche. Je n’y puis rien. Je te considère toujours comme mon époux, d’autant plus que chez nous en Afrique les époux peuvent se séparer mais l’alliance entre eux et leurs clans respectifs reste indissoluble, surtout quand de ce mariage sont issus des enfants.

          Je viens de donner naissance à un bel enfant. Il te ressemble beaucoup. J’ai du chagrin quand je pense que ces enfants ne pourront pas connaître l’amour paternel. Depuis que j’ai été à la maternité, mes gosses et moi mourrons de faim. Je  ne parviens pas allaiter mon bébé car mes seins ont tari, faute d’une bonne alimentation. Tout le monde se moque de moi : je suis une femme répudiée, moi qui ai juré de t’être fidèle ! Malgré mon jeune âge, je ne me remarierai pas à cause de mes enfants que je ne voudrais pas voir malmenés par un second mari.

 

 

 

 

 

à suivre

 

Publié dans Carte Postale

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