Chemin Interdit (Acte 10)

Publié le par Pascal

    Diouf hésita pour entrer dans la Mercedes jugée trop luxueuse pour lui. D’ailleurs, le chauffeur croyait que ce sale garçon n’était qu’un voleur qui guettait Antok ; il le saisit au cou. Furieux, Antok intervint : « C’est l’un de mes meilleurs amis. Je ne l’ai plus revu depuis une douzaine d’années. Il faut que papa fasse quelque chose pour lui. Il est orphelin. »

    Dans la voiture, l’atmosphère est lourde, les mines très pensives. Le chauffeur savait qu’il risquait de perdre sans préavis son emploi. A trois reprises déjà, son patron lui avait formellement interdit de prendre des gens dans sa voiture. Antok lui-même connaissait l’arrogance et les airs supérieurs de son père. Il pressentait déjà l’accueil qui serait réservé à son ami. Plus d’un e fois, il en avait fait l’amère expérience avec ses condisciples étudiants en médecine. Son seul espoir : les bonnes relations qu’entretenaient à Djamaro sa famille et celle de Hassein. « Mon père connaît son feu papa, nous étions d’ailleurs voisins. Il doit même bien connaître ce jeune homme. J’étais toujours avec lui. Non, papa ne peut manquer de sympathie à son égard », se disait Antok.

    Hassein était mal à l’aise. Le contraste était trop grand entre lui, pratiquement sorti de la boue et cette voiture. Il empruntait quelques fois le bus ; il se souvenait avoir été dans une voiture taxi, mais jamais dans une Mercedes automatique, avec radio, téléviseur, frigo et téléphone. Tout ce confort l’éblouit et le mit dans une certaine crainte. Il sursautait chaque fois qu’il s’apercevait d’un nouveau mécanisme, il inspectait curieusement tout l’intérieur de la voiture.

    Avant de franchir la grille de la parcelle, toute voiture était soumise au contrôle discret des gardiens. Très vite, Hassein fut jugé suspect. Les « gorilles » l’arrachèrent brutalement de la voiture et le jetèrent à terre. Une fois de plus, Antok intervint vigoureusement et on le laissa entrer.

    Les gardiens n’en revenaient pas. Un jeune homme aussi sale, ami au fils du ministre ! Et il allait entrer dans une maison où eux-mêmes ne mettaient jamais les pieds ! Tous les ordres, ils les recevaient à la porte.

    Ils se rendirent compte peu après qu’ils avaient commis une erreur en laissant passser le clochard. C’était trop tard !


...à suivre

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