C’est ca l’Europe ? (Acte 10)

Publié le par Pascal

          Un soir, les routes sont glissantes à cause du verglas. Un neveu du protecteur de la famille de Zoao, rentrant en voiture chez lui, trouve la mort dans un accident de circulation. Les Zoao sont informés de la nouvelle le lendemain matin. La femme de Zoao s’imagine qu’en Europe on pleure les morts comme en Afrique. Arrivée près de la dépouille mortelle, elle se met à pleurer en criant et en se jetant par terre, buste nu. Tous les blancs la regardent, stupéfaits, et certains la prennent pour une folle. Elle défait ses cheveux, se rase la tête, embrasse le cadavre. Quelques Blanches sont alors choquées. On prie la négresse de partir.

           Elle en est surprise : « Pourquoi dois-je partir ? Laisser-moi pleurer.»

          Un colon, comprenant bien les coutumes africaines, vient l’informer que les Blancs ne pleurent pas leurs morts ainsi. Il lui demande au contraire de bien s’habiller et de garder une attitude calme, digne. Elle rentre chez elle, et en parle à Zoao resté à la maison pour garder les enfants :

          « Mon mari, j’ai assisté  à quelque chose que je n’arrive pas à comprendre. On m’a empêché de pleurer le mort. On m’a demandé de m’habiller comme en période de fête. On m’a dit qu’ici on ne pleure pas les morts comme chez nous. Voyons un peu ! »

          Effectivement, tout le monde est silencieux. Quelques femmes et de hommes sensibles versent des larmes qu’ils essuient d’ailleurs aussitôt. Ce qui parait encore plus étrange aux yeux de Zoao, c’est que, les parents, principalement la mère de la victime, bavardent, de temps en temps comme les autres.

 

 

 

 

 


…à suivre

Publié dans Carte Postale

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